Le développement de publics pour les arts en milieu minoritaire
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Malgré les importantes sommes investies dans la mise en place d’équipements culturels et la promotion de la culture, l’accès aux arts reste largement inégal. La grande majorité des publics consommateurs des arts correspondent toujours aux mêmes catégories démographiques : forte scolarisation, revenu élevé, résidence urbaine, absence de handicaps, etc. Toutefois, des gens font exception à cette règle, leurs habitudes de consommation artistique transcendant cette typologie, faisant d’eux des publics atypiques. En s’inspirant de la thèse de Lahire (2004) sur la dissonance culturelle, nous avons voulu explorer la question de la participation culturelle au-delà des critères sociodémographiques, pour répondre à la question : l’exposition au marketing culturel et la participation aux initiatives de développement de publics sont-elles des facteurs déterminants du choix de consommation de produits et d’expériences artistiques ? Des entretiens semi-dirigés ont été réalisés auprès de 24 représentants de ces publics atypiques parmi la population francosudburoise – communauté culturelle et linguistique en situation minoritaire – eux-mêmes identifiés à partir des 160 répondants d’un questionnaire de présélection. L’analyse textométrique de ces entretiens a révélé que le développement de publics rejoint les consommateurs atypiques des arts par le biais des communications directes et des nombreux liens sociaux qui relient ces individus aux organismes culturels. Ils décrivent l’utilité du développement de publics sous l’angle d’une logique idéologique, en appui à la cause franco-ontarienne dans laquelle ils sont engagés. Quant aux non-consommateurs atypiques, leurs liens avec les arts se tissent principalement par le biais du milieu scolaire. Leur appréciation du développement de publics relève de la logique démocratique, étant surtout préoccupés par les questions d’accès aux arts et de transmission culturelle. Ainsi, la dissonance dans les profils s’explique par le fait que les individus étudiés résident dans une proximité relationnelle et idéologique plus ou moins importante avec le milieu des arts franco-ontariens, et que l’effet de cette proximité surpasse celui des classes sociales. Cette forte ou faible proximité caractérise largement leur rapport à l’art, faisant en sorte qu’ils ont ultimement une exposition et une appréciation distinctes des initiatives de développement de publics.